pour toi, chalet des années 80
La salle de bain est étroite, un bain-douche plutôt sombre, un espace de rangement pleine hauteur quasi vide rempli le fond de la pièce. La vanité s’adapte aux quelques pieds de largeur disponibles, un jeu de courbes forme la surface de stratifié. Le petit décroché du coin de la pièce que l’on devine utilitaire fut déjoué par l’intégration d’un prisme lumineux au-dessus du miroir. Un rythme régulier de diagonales noires sur fond pâle contraste le plafond du reste de l’espace aux teintes pâlottes. Offrant un effet monochrome, le bain-douche est agencé à des carrés rosés. Le coulis est d’un blanc vieilli. Ce langage s’inverse au sol avec de petits carreaux pâles scellés par un coulis rose.
L’ensemble est défraîchi, certes. Reste que le design fonctionne par ses solutions et son agencement. La signature du projet est cohérente avec son moment de confection.
« L’ensemble est défraîchi, certes. Reste que le design fonctionne par ses solutions et son agencement. »
« Je me retrouve dans ce chalet familial, seule à y prendre mes mesures pour ce nouveau projet qui se dessine, et je suis sous le charme. »
Une signature similaire se retrouve à la cuisine, le même ton pâle habille les cabinets et un motif de minis carreaux se retrouve au dosseret. Les prises pour l’ouverture des portes sont des bandes de bois, un rappel du reste de l’intérieur de la demeure. Le comptoir-bar, tout comme la vanité, fut travaillé en coin arrondi, un détail qui en plus d’adoucir la zone de circulation fortement sollicitée fait un clin d’œil à la cloison courbée en arrière-plan.
Outre l’espèce de mélamine en contraste avec les autres matériaux naturels de la demeure, je considère le design de l’espace bien réfléchi à son moment de réalisation.
Quarante années ont passé, l’usure rattrape le temps, un regard nouveau est souhaité. Normal.
Je me retrouve dans ce chalet familial, seule à y prendre mes mesures pour ce nouveau projet qui se dessine et je suis sous le charme. Je me sens privilégiée de cette sorte de voyage dans le temps. Je reconnais la qualité de design de ce projet en le remettant dans son contexte. Le reste de la maison est tout à fait dans mes cordes, des textures simples avec une forte personnalité : le papier peint de type bas-relief avec ses ficelles de jute, le plafond en stucco juste assez dosé, les lattes de bois murales posées en diagonale, le majestueux foyer de pierres naturelles qui meuble l’espace comme un roi en avant de la fenestration pleine hauteur donnant vue sur le lac. Un plancher d’étroites planches de chêne usées unit le tout. Par ses similitudes de matières et de teintes, l’ensemble demeure cohérent.
« Quarante années ont passé, l’usure rattrape le temps, un regard nouveau est souhaité. Normal. »
À mes yeux, ce type d’habitation est une sorte de trésor à préserver, une demeure à l’image d’une époque où les souvenirs sont imprégnés. Évidemment, une nouvelle construction serait réalisée bien différemment, même par moi. Peut-on tout de même reconnaître une certaine intemporalité dans ce projet, au-delà de ses caractéristiques fortes en personnalité?
Cher chalet des années 80, je souhaite te rendre honneur, adapter ta fonctionnalité à notre façon d’aborder l’aménagement aujourd’hui tout en embrassant tes particularités propres. M’en inspirer pour dessiner un design qui sera en harmonie avec qui tu es.