pastel kegaska

 
 

Un moment vaporeux sur fond brut, les berges rocheuses de Kegaska, une connexion sincère de nouvelles et fidèles amitiés lors d'un road trip sur la Côte-Nord au Québec à l'été 2020.
Bienvenue dans mon doux délire couleur pastel.

 

Un appel spontané de mon ami Marc-André : une invitation à me joindre à un voyage d’été sur la Côte-Nord avec Sarah et Sarah. Sarah que je connais un peu et Sarah qui m’est encore inconnue. Oui. Oui pour partir, ne plus voir chez moi, brouiller mes références pour un temps. Oui pour observer de nouveaux paysages, me laisser séduire par leur immensité et leurs nuances subtiles et contrastées. Oui pour décrocher. Oui pour connecter. Oui pour partager du temps léger et intentionné avec d’autres. Confiante et incertaine à la fois, j’ai un peu le trac. Je sais bien que les gens qui nous entourent ont une influence indéniable sur notre façon de vivre le moment. Et là, rien est assuré.


Quelques jours avant de partir, je fais le choix de laisser mon côté sauvage et solitaire à la maison. Ouverture à la dynamique qui s’installera, je suivrai le rythme que je parsèmerai de mes couleurs. J’ai envie d’un simple beau et heureux séjour. Et de m’éclater. Vivre de l’extraordinaire. Rendre réel un épisode teinté de mon imagination. Très flou et très clair à la fois, assez instinctivement je l’ai ressenti et vu dans ma tête. Nous sommes sur une plage déserte, le temps est gris. Un flottement de tissus vaporeux, des coupes à la main, le vent qui avive nos cheveux : un moment au ralenti avec la mer animée en toile de fond. En espérant qu’ils soient prêts à m’accompagner dans mon doux délire. Je sors de mon costumier les robes des grandes occasions d’une autre époque et prends la bouteille de champagne qui dort sur une tablette depuis déjà trop longtemps en attente d’une raison de célébrer.

« Les paysages sauvages de la
Côte-Nord défilaient solennellement sous nos yeux.
»

Une nuit beaucoup trop courte précède notre départ. Déjà presque deux heures de route dans le corps, je me joins au groupe à Berthierville, rendez-vous à 6h tout juste après l’aurore. Rencontre. Tadoussac nous surprend par son arrivée précipitée: la table était mise, l’énergie était là entre ces quatre personnes distinctes et si compatibles : ce sera une joyeuse aventure. Des centaines de kilomètres à parcourir et une nuitée à Sept-Îles nous séparent de notre point d’arrivée. Sur une trame musicale éclectique mais toujours d’à-propos, discussions, confidences et futilités ont meublé notre parcours. Les paysages sauvages de la Côte-Nord défilaient solennellement sous nos yeux. À tout détour s’offraient à nous des jeux de compositions entre rivières et forêt boréale. Vue ! Vue ! Tant d’opportunités où prendre le temps de s’arrêter respirer ! Mais non, cette fois je m’abandonnais à la cadence de groupe, Natashquan nous attendait déjà.

« Nous nous sommes prêtés au jeu, presque sans filtre, à se laisser emporter dans ce monde parallèle. »

Jour 5 : énergie, flottement, éveil. Nos trois mots délibérés avec intention comme nous avions pris l’habitude de le faire à chaque début de journée afin d’en inspirer le ton. Une jolie synergie était maintenant bien établie entre nous. Mon idée avait fait son chemin, c’était aujourd’hui que l’on sortait les légères et volumineuses robes couleur pastel. Chacun était enthousiaste à mon concept, sans trop savoir à quoi s’attendre, je présume... Tout comme moi, qui allait se laisser surprendre par le tableau vivant que nous révèlerait Kegaska.

Plongée dans le Golfe du Saint-Laurent, une vaste plaine rocheuse abritant de multiples microclimats aquatiques nous attendait. Sans être seuls à profiter de ce territoire, une bulle de liberté nous enveloppait au milieu de cette grande étendue. Le soleil caressait l’horizon, le moment était venu de se préparer à festoyer. Bijoux, maquillage et verres de vin blanc étaient éparpillés sur la pierre précambrienne. Lilas, aqua, émeraude, orangé, fuchsia ! Un bal furtif de pops colorés égaya nos visages et nos bouts de doigts. Cette séance de gestes si délicats au cœur de ce décor brut immense nous emmenait déjà dans cet univers improbable. Une fébrilité s’invita en nous, déjà sous le charme de cette expérience inusitée.

« Sans s’annoncer,
le ciel se métamorphosait
doucement en nos couleurs.
»

Nous nous sommes prêtés au jeu, presque sans filtre, à se laisser emporter dans ce monde parallèle. D’abord timidement, le temps d’un moment, nous avons su nous approprier le lieu et ces personnages qui paradoxalement devenaient nous à notre état le plus pur. Nos petites réalités se sont effacées le temps de s’ancrer dans le moment présent. L’infini et toutes ses possibilités s’offraient à nous à perte de vue ! La brise et la lumière changeantes donnaient vie à nos tenues révélant nos silhouettes dansantes sur le sol froid. Les bulles amplifiant notre émerveillement, un bonheur tangible émanait de nous, complices de ce moment surréaliste. Sans s’annoncer, le ciel se métamorphosait doucement en nos couleurs. Communion. Une euphorie silencieuse se lisait dans nos regards. Nous étions bercés par un éclatant sentiment de se sentir follement en vie. Et d’en profiter.

C’était magique.